L’éolien industriel en 2020 : Le décryptage

Peut-être avez-vous été, ou serez-vous, surpris-e, voire choqué-e à la vue des banderoles « anti-éoliennes » qui sont installées çà et là, à fortiori si vous faites partie des 73 % des Français qui auraient « une image positive des éoliennes »(1)
Pour notre part, nous avons opté pour « éolien = absurde !».

Explications – Version courte – Ce qui suit est volontairement réduit au minimum; des arguments et nuances figurent dans la version détaillée, à nous demander par mail : info@ventdesnoues.org

Comme nos voisins, nous avons découvert incidemment fin 2019 l’existence d’un projet d’implantation de huit éoliennes à proximité de chez nous (2) (l’éolienne la plus proche devant se situer à 500m), ainsi que d’un autre, bien avancé, lui, sur la commune voisine de Loge-Fougereuse.
À ce moment-là, nous sommes de ceux qui disent être « ni pour ni contre », voire même plutôt « pour ».
Mais, tout de même, l’envie d’en savoir plus nous taraude et de recherche en recherche, nous en arrivons au constat qui suit. Résumons :

– Nuisances de voisinage

– Bruit et infrasons, effet « stroboscopique », clignotements rouges la nuit et « syndrome éolien »(3).
– Dommages sur des élevages bovins.

– Absurdité écologique

Cette industrie entraîne notamment une destruction des paysages et de l’environnement ainsi qu’un impact sur les oiseaux et les chauves-souris.
Tout est dit (ou presque) par la ministre de l’Environnement le 18 février 2020 : « (…) Il y a des emplacements de parcs éoliens en covisibilité avec des monuments historiques. (…) On a des territoires dans lesquels on a une dispersion de petits parcs de taille et de forme variable qui donnent une saturation visuelle, voire une situation d’encerclement
autour de certains bourgs qui est absolument insupportable. »

– Absurdité énergétique

Cette énergie est intermittente et non pilotable, elle nécessite donc le recours régulier aux autres modes de production. Elle ne permettra donc pas de répondre à deux des objectifs de la loi de 2015 (4) que sont « la réduction de 50% de la part du nucléaire » et « la réduction des gaz à effets de serre » :
– Plus de 8000 éoliennes installées à ce jour = 6% d’électricité (5)
– 20.000 éoliennes auxquelles il est prévu d’arriver en 2030 = 13 à 15 % d’électricité.

À ce compte-là, il faudrait 1200 éoliennes de 3 mégawatts (MW) (6) pour produire l’équivalent d’un réacteur nucléaire de 900 MW.
Et l’éolien industriel n’a aucun impact sur la production de gaz à effets de serre.(7)

– Absurdité économique et financière

  1. Selon un rapport de la Cour des comptes (2018) et deux rapports de députés (2019), le coût du développement éolien serait en 2028 de 72,7 à 90 milliards d’euros, pour 15% d’électricité seulement.
    – Extrait du rapport : « Une somme colossale, équivalente à ce que la France a dépensé initialement pour se doter de son parc nucléaire, à ceci près que les éoliennes produiront cinq fois moins d’électricité et auront une durée de fonctionnement trois fois inférieure ».
    Conclusion : « L’évaluation de la politique de soutien financier apporté par l’État aux éoliennes aboutit à un constat d’échec. Le soutien mis en oeuvre depuis 2001 est onéreux, déséquilibré, peu efficace (…) »

  2. Outre les subventions de l’État, EDF est dans l’obligation d’acheter l’électricité aux promoteurs éoliens 7 à 8 centimes d’euros le kWh lorsque, dans un même temps, elle est dans l’obligation de vendre le quart de sa production à ses propres concurrents au prix de 4,5 centimes d’euros le kWh.
  3. Les promoteurs de l’éolien bénéficient d’abattements et d’exonérations sur les taxes appliquées aux autres industries.

Absurdité juridique par un ensemble de dérogations ciselées sur mesure

  1. Santé et troubles de voisinage
    – Non-respect du principe de précaution : non prise en compte des recommandations de l’Académie de médecine relative aux distances entre les parcs éoliens et les habitations.(8)
    – Dérogation au code de la santé publique en ce qui concerne le seuil d’infraction sonore et dispense de la mesure et la limitation des bruits de basse fréquence (« infra sons »).
  2. Environnement
    – Dérogation aux principes de préservation des espaces naturels et à l’interdiction de détruire ou de déranger des spécimens d’espèces protégées.
  3. Droits de recours administratifs
    – Dérogation au principe de double degré de juridiction : le contentieux n’est plus jugé par les tribunaux administratifs, mais, en premier et dernier ressort, par les cours administratives d’appel (CAA) avec une possible cassation devant le Conseil d’État. Cela revient en fait à supprimer la possibilité d’appel.
    – Limitation des possibilités de stratégie des plaignants par la « Cristallisation des moyens » (arguments) lesquels doivent être déposés devant la CAA en bloc et en une seule fois.
  4. Caractère « léonin » des baux emphytéotiques
    L’exploitant locataire a la jouissance du terrain quasiment comme s’il en était le propriétaire. Et ce dernier peut notamment se retrouver avec la charge du démantèlement à la fin du contrat (20 ans).

Conclusion et Perspectives

Pris individuellement, beaucoup des inconvénients (surtout résumés à ce point !) pourraient sembler « supportables » et être le prix à payer pour arriver à l’indispensable « transition écologique », notamment au regard des risques climatiques et des catastrophes annoncées, voire en cours.
Cependant le cumul des inconvénients et leur coût, mis en perspective avec les résultats obtenus et envisageables à moyen et long termes font, me semble-t-il, pencher à ce jour les balances « avantages / inconvénients » et « bénéfices / coûts », du côté « inconvénients » et « coûts ».

Alors… que fait-on ?…

La crise du coronavirus montre s’il en était besoin la nécessité impérieuse de repenser l’organisation de notre société, de réévaluer la réalité de nos besoins au regard de nos moyens et des limites que la nature nous impose, de réfléchir aux conséquences de nos interactions, y compris sur le plan mondial…
Il se trouve qu’une proposition de loi a été déposée par des députés le 14 janvier 2020 (9).
Dans son exposé des motifs, elle reprend les éléments formulés notamment en 2018 et 2019.
Son article premier propose un moratoire sur l’installation de nouvelles éoliennes « afin de prendre le temps de la réflexion. Toutes les raisons évoquées ci-dessus donnent à penser qu’un emballement s’est produit. Ce moratoire permettra de clarifier les règles relatives à la filière. (…) »

En attendant un débat autour de cette proposition de loi (10), il est toujours temps de travailler sur nombre de problèmes en suspend. Par exemple, considérant pour commencer l’énergie comme étant un bien commun à partager et non pas un produit soumis à la loi du marché :
– en s’attaquant en priorité aux secteurs grands émetteurs de gaz à effet de serre, c’est-à-dire à la consommation de pétrole, et en premier lieu aux transports ;
en engagent des programmes d’économies d’électricité.

J’invite les plus curieux et/ou courageux qui veulent en savoir plus à nous demander la version détaillée de cet exposé par mail : info@ventdesnoues.org

Merci pour votre confiance.
Pascal

1 Sondage Harris Interactive pour France Énergie Éolienne d’octobre 2018.
2 Aux dernières nouvelles, ce serait seulement deux éoliennes qu’il serait prévu d’installer, compte tenu de « contraintes militaires » (couloir aérien)…
3 Selon l’Académie de médecine.
4 Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 18 août 2015.
5 Bilan RTE 2019 : Nucléaire = 71% ; Fossile = 8%, Hydraulique (barrages) = 11%, Solaire = 2% et «Bio»énergies = 2%.
Les éoliennes les plus courantes font 2MW ; les dernières générations à peine 3MW.
6 Les éoliennes les plus courantes font 2MW ; les dernières générations à peine 3MW.
7 En France seulement 8% d’électricité est d’origine fossile.
8 Académie de médecine : 1500 m ; Sénat : 1000 m. Distance appliquée : 500 m.
9 Proposition de loi du 14 janvier 2020 « pour un développement responsable et durable de l’énergie éolienne »
10 Il ne s’agit pas d’un « projet » émanant du gouvernement, mais d’une « proposition » présentée par l’opposition ; il est donc très probable qu’elle ne sera pas retenue…

Interview RCF May Prate Vendée Tempêtes : Demande de moratoire éolien industriel

Plus de cinquante associations et personnalités de la région Pays de la Loire dont l’association Vent des Noues demandent à Christelle Morançais, présidente de Région, de soutenir un moratoire de 2 ans sur l’éolien industriel.
May Prate, présidente de la Fédération Vendée Tempêtes, est intervenue sur RCF au journal de 7h présenté par Fanny Brevet le mardi 28 janvier.

Le journal en intégralité sur RCF
https://rcf.fr/la-matinale/journal-de-7h-du-mardi-28-janvier