Analyse de la production 2020 RTE par l’association

Dans son Bilan électrique 2020 publié le 3 mars 2021, RTE indique notamment que la production d’électricité d’origine éolienne représente 7,9% de la production totale d’électricité contre 6,3 % en 2019.
https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-03/Bilan%20electrique%202020_0.pdf

Décryptage

1 – Sur la forme

Avec sa technique de communication habituelle, RTE annonce que la production éolienne 2020 a progressé de 17,3% par rapport à 2019. Cela n’est pas faux (40 TWh en 2020 vs 34 TWh en 2019) mais partiel.
En effet, au delà de cette donnée présentée sous un jour exagérément favorable au secteur, il est possible de voir une autre réalité :
Considérant (plus logiquement sinon plus honnêtement) cette augmentation par rapport à la production totale d’électricité, elle n’est alors que de 1,6% (7.9% en 2020 vs 6,3% en 2019).

Poursuivant dans son registre discutable, RTE indique notamment que la production éolienne 2020 a atteint son maximum (« record historique ») « le lundi 10 février 2020 à 18h avec une puissance de 13409MW, ce qui correspond à un facteur de charge de 72,5%. »
Puis que « le minimum a été atteint le 24 avril 2020 à 11h avec une puissance de 124 MW »… sans alors préciser le facteur de charge, lequel doit être inférieur à 1%…

Sur l’année, le facteur de charge moyen mensuel serait de 26,35% en 2020 (+7%), ce qui indique que les éoliennes ont produit au maximum de leur capacité pendant 26% du temps.
La production d’électricité a donc été dépendante des autres sources pendant les 74% restants…

2 – Sur le fond

Sur le fond, cette légère augmentation de la production éolienne est à placer dans un contexte exceptionnel, notamment du fait de la pandémie de Covid-19.

En effet, outre cette augmentation effective de la capacité éolienne de 1104 MW (remplacement des plus anciennes et/ou ajout de plus puissantes), elle s’explique par :

  • une baisse de la production globale d’électricité de 7 % par rapport à 2019, « au plus bas depuis vingt ans » dixit RTE.
  • une baisse de la production nucléaire de 11,6%  conséquence
  • d’une part de l’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim le 29 juin,
  • d’autre part de la mise à l’arrêt prolongé des centrales en maintenance du fait des perturbations occasionnées par la Covid-19 (que RTE estime à 34 TWh)
  •  une  baisse de la consommation d’électricité de 3,5% en rapport avec le ralentissement de l’activité économique ;
  • des conditions climatiques favorables à l’hydraulique, l’éolien et le solaire (contrairement à 2019)

Il convient également de noter :

  • L’écrasante majorité de la production électrique nucléaire : 67%, cela malgré la fermeture de la centrale de Fessenheim et « la crise du Covid-19 ayant entraîné des conséquences importantes sur le système électrique » (sic)  comme le souligne RTE
  • Une augmentation de la production hydraulique de 8,4% : 13% (d’électricité réellement « renouvelable » contrairement à l’éolien et au solaire)
  • Une légère augmentation de La production solaire de 2,3%  favorisée par un taux d’ensoleillement important : 12,6TWh.

En outre, le solde export/import (43 TW)  reste supérieur à la production éolienne (39,7TWh)

Notons enfin que, contrairement à la doxa selon laquelle le développement éolien serait fortement créateur d’emplois, RTE indique dans ce rapport que « Avec une exploitation nécessitant moins de personnel que d’autres filières, la production des centrales éoliennes a été peu impactée par la crise sanitaire »…

Conclusion

L’augmentation de la capacité éolienne de 1104 MW en 2020, avec environ 10.000 éoliennes, ne contribue qu’à la hauteur de moins de 8% du total de l’électricité produite.
De plus, ce pourcentage est à relativiser dans la mesure où la production d’électricité d’origine nucléaire a elle-même diminué de 11%, cette diminution étant sans rapport avec l’augmentation de la capacité « renouvelable ».
Tout est relatif…

Enquête Ifop | Eoliennes : plus on en sait, moins on les aime

Un quizz de 18 questions (Vrai/Faux) sur l’énergie éolienne, réalisé auprès d’un échantillon représentatif de la population française, a montré que les personnes ayant une très mauvaise image de l’éolien obtenait un score supérieur de 40% aux personnes ayant une très bonne image de cette énergie. L’enquête souligne ainsi que l’adhésion des Français aux éoliennes, relevée dans des enquêtes précédentes, n’est pas fondée sur des faits mais sur des croyances erronées.

 Ecart de 40% entre les notes moyennes des deux groupes

Les grands enseignements de l’enquête

Comme l’a encore montré l’enquête Harris Interactive du 27 janvier 2021, les sondages se suivent et se ressemblent pour l’éolien, dont la bonne image dans la population française se confirme régulièrement. Mais que cache cette adhésion ? Une enquête Ifop, menée pour l’association Documentaire et Vérité, démontre que les Français sont globalement mal informés – et ce spécialement si l’opinion qu’ils ont de l’énergie éolienne est positive. Les personnes déclarant avoir une image très positive des éoliennes ont ainsi une moyenne de 9.1/20 au quizz de connaissance administré lors de l’enquête, contre 12.8/20 pour ceux déclarant en avoir une image très négative, soit un écart de 40% entre les notes moyennes des deux groupes. On constate donc que l’opinion des Français sur cette énergie est inversement proportionnelle à la connaissance qu’ils en ont.

Il est de toute façon important de nuancer l’opinion favorable qu’ont les Français de l’éolien, puisque s’ils sont une majorité des sondés à déclarer en avoir une bonne image, ils sont en revanche 53% à se déclarer opposés à l’installation d’une éolienne à proximité de leur habitation (phénomène connu sous le nom de « Not in my backyard »).
Notons par ailleurs que ceux se déclarant très favorables à une éolienne près de chez eux sont 76% à penser que la distance minimale entre parc éolien et habitations est de 1500 mètres, contre 500 mètres en réalité (source : Article L515-44 du Code de l’Environnement).

Enquête Ifop | Eoliennes : plus on en sait, moins on les aime. (documentaire-et-verite.com)

Éoliennes et France d’en bas : la double peine

Où il apparaît que les ménages les plus modestes payent le plus lourd tribut à la politique climatique, et les ruraux le double des Parisiens.

Les moyens financiers consacrés à la transition climatique sont en constante progression depuis 2014. Les ménages en ont supporté la plus lourde part, à hauteur de 17 Md€ sur les 45,7 Md€ constatés en 2018, devant les entreprises, avec 13,6 Md€.

Cet effort a pesé de façon inégalitaire en représentant en moyenne 4,5% du revenu total des 20% des ménages les plus modestes, contre 1,3% en moyenne pour les  20%  les plus aisés.

D’autre part, une autre inégalité est mise en évidence, en fonction du lieu de résidence du ménage, qui pénalise fortement les habitants des communes rurales, pour lesquels la charge annuelle moyenne s’élevait à 1160€ en 2019, contre 665€ pour un ménage parisien.

Comment ne pas voir une double peine dans le récent arrêt de la Cour de cassation qui vient de considérer « normal » le trouble éolien qui consiste notamment à dévaloriser le patrimoine immobilier de ses riverains, en considérant que « la dépréciation des propriétés concernées, évaluée par expertise à 10 ou 20 %, selon le cas, dans un contexte de morosité du marché local de l’immobilier, ne dépassait pas, par sa gravité, les inconvénients normaux du voisinage, eu égard à l’objectif d’intérêt public poursuivi par le développement de l’énergie éolienne. »

Les communes rurales défavorisées sont une cible de choix pour les promoteurs éoliens qui font miroiter des retombées fiscales en échange de l’impact de leurs machines sur le cadre de vie des populations concernées.

Demain, ces éoliennes seront le symbole d’une France d’en bas sacrifiée, victime de la double peine de devoir payer le plus lourd tribut pour massacrer son propre environnement.

Panorama de l’électricité renouvelable au premier semestre 2020 – Présentation orientée, partielle et partiale = Désinformation !

Un « Panorama de l’électricité renouvelable au 30 Juin 2020 » a été élaboré par le Syndicat des énergies renouvelables (SER), l’Agence ORE (Opérateurs de Réseaux d’Energie), l’Association des distributeurs d’électricité en France (ADEeF), Enedis et RTE.

Sur la forme, ces données sont présentées de façon désordonnée, les textes sont mal rédigés et encombrés de photos inutiles, ce qui rend leur lecture difficile.  Il faut pour (tenter de) les comprendre, les croiser avec d’autres sources.

Outre RTE et son « Panorama EnR 2020 » en question , nous avons retenu :

–  « Données et études statistiques pour le changement climatique, l’énergie, l’environnement, le logement, et les transports »
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lelectricite

–  Autorité de sureté nucléaire (ASN) « Suivi des réacteurs nucléaires à l’arrêt » https://www.asn.fr/Controler/Actualites-du-controle/Arret-de-reacteurs-de-centrales-nucleaires

Sur le fond, cette publication est  exclusivement centrée sur l’électricité « renouvelable » ; la mise en perspective de ces chiffres avec l’ensemble de la production d’électricité est quasi impossible faute d’éléments fiables relatifs à la production d’électricité d’origine nucléaire et fossile pour ce premier semestre.

Les auteurs de ce rapport  se félicitent de façon ostentatoire des résultats qu’ils présentent : en date du 26 mai 2020, Enedis claironne sans vergogne sur son site Internet : « Au premier trimestre 2020, un quart de la consommation électrique de France métropolitaine a été couverte par les EnR »

Il en ressort plus précisément que, au cours de ce premier semestre, la consommation d’électricité renouvelable représentait certes plus de 33% du total de l’électricité consommée.

Cependant ce pourcentage devrait être nuancé et/ou assorti des réserves appropriées.

D’abord  en précisant que ces 33% incluent les 19% de la part du secteur Hydroélectrique (dont les barrages ont été mis en service entre 1919 et 1994…)

La part des EnR telles que le grand public les a en tête (éolien et solaire en particulier) s’en trouve donc ramenée à seulement 14 %, même si la capacité installée a effectivement été augmentée au cours de ce semestre (moins que prévu toutefois du fait de la crise sanitaire).

Ensuite en considérant que, sur cette période, la production nucléaire a été fortement diminuée par la mise à l’arrêt de plus de 20 réacteurs (arrêts de tranches pour rechargement de combustibles, visites partielles pour maintenance préventive et visites décennales compliquées par les effets de la crise sanitaire).

Dans ce contexte, EDF a annoncé le 16 avril une diminution très importante de son estimation de production nucléaire pour l’année 2020 (environ 300 TWh contre une cible de 375 à 390 TWh avant la crise Covid, ainsi que pour 2021 et 2022. Cette estimation a été revue à la hausse en juillet à environ 315-325 TWh.

Enfin en intégrant la forte baisse de la consommation électrique du fait de la crise sanitaire. 

La présentation de ces résultats, qui se veulent glorieux, est donc orientée, partielle et partiale : la part des EnR a augmenté principalement parce que celle du nucléaire a diminué.

Désinformation !