Alors que s’ouvre le débat public, quatre organisations non gouvernementales (ONG) demandent à l’État de réajuster sa stratégie.
Craignant une destruction irrémédiable des habitats et de la faune marine, Sea Shepherd France, Gardez les caps, Défense des milieux aquatiques et Wild Legal demandent au ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, de remédier « aux graves carences de la France en matière de protection du milieu marin breton dans le cadre du déploiement massif et accéléré de l’éolien en mer ».
Comme le Conseil national de la protection de la nature en 2021, elles demandent un moratoire sur l’implantation des futurs parcs éoliens marins, dans l’attente d’études scientifiques permettant de réellement prendre en considération la biodiversité.
Leurs travaux vont faire du bruit : des chercheurs de l’Institut universitaire européen de la mer, à Brest, ont montré que le bruit, justement, est, à court terme, un véritable stress pour les coquillages. Pour connaître le réel impact sur la biodiversité des fonds marins, il faudrait maintenant étudier les réponses biologiques d’un grand nombre d’animaux, exposés à cette pollution, sur un temps long.
Des prélèvements doivent être réalisés pour tenter d’identifier la cause de la mort pour chacun des animaux. S’il n’y a pas de cause avérée à ce stade, il parait nécessaire de mener une enquête indépendante sur le niveau de pollution sonore généré par le chantier éolien actuellement en construction à Fécamp, à 40 km de distance. Les baleines sont extrêmement sensibles au bruit qui les désoriente, les empêche de communiquer et de se nourrir et qui peut même aller jusqu’à causer des hémorragies internes et entrainer la mort.
Il est essentiel d’étudier le calendrier des travaux éoliens off-shore et les différents échouages recensés dans un périmètre défini autour de ces chantiers.
Aux Etats-Unis, des phénomènes d’échouage de baleines sans précédent dans le New Jersey ces derniers mois à proximité de travaux éoliens off-shore posent également question.
Chauve-souris, esturgeons… Le projet de parc éolien marin d’Oléron n’est pas une bonne nouvelle pour la biodiversité. Comme d’habitude, dénoncent les associations, la zone d’implantation a été choisie de manière « arbitraire ».
« Nous ne sommes pas opposés aux énergies renouvelables, ni au parc éolien, mais à l’endroit où il est prévu », précise d’emblée Isabelle Loulmet, présidente de France Nature Environnement Nouvelle-Aquitaine. « Le parc éolien se trouve toujours dans une zone de protection spéciale Natura 2000, au milieu d’une voie de migration intercontinentale pour les oiseaux, les chauves-souris et les insectes », déplore le vice-président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Dominique Chevillon. Les associatifs interrogés par Reporterre se disent tous « sidérés » par le choix du gouvernement. « On n’a pas travaillé à protéger des zones Natura 2000 pendant quarante ans pour qu’elles soient dévastées, grâce à l’État, par des industriels qui se moquent de la biodiversité et des écosystèmes, s’agace Dominique Chevillon, de la LPO. Ces zones auraient dû être évitées. » « Ce sont les industriels qui choisissent les lieux en fonction de leur rentabilité, fustige Dominique Chevillon. L’État ne défend pas l’intérêt général, ni l’environnement. Par ce type d’implantations, il défend les intérêts des industriels, pour la plupart étrangers, qui se moquent des incidences de leur industrie. C’est proprement scandaleux. »
Dans le cadre du projet de loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables, Didier Mandelli proposait d’éloigner les éoliennes à 40 km des côtes. Son amendement a été retoqué.
Le collectif Défense de la Mer (DLM) publie un communiqué à charge contre les éoliennes : « Vous nous avez menti : c’est la réaction quasi unanime en Presqu’île guérandaise car il avait été dit aux gens » Elles ne se verront pas » . Rappelons l’interview fin 2012, d’Yvon André (ex-Directeur EDF-EN) : « La distance la plus courte entre la côte et la première éolienne sera de 12 km, donc elles ne seront pas visibles. »
Mensonges et communication, avec plus de la moitié des éoliennes déjà en place, on a une perception visuelle de ce qui nous attend pour des décennies, et on ne connaît pas encore les conséquences du saccage des fonds du Banc de Guérande (80 excavations et 110 km de câbles inter-éoliennes) sur la flore et la faune sous-marine, ni sur la destruction d’espèces protégées de l’avifaune (puffin des Baléares, migrateurs, chiroptères…). »
Les avocats du Comité des pêches des Côtes-d’Armor viennent de faire un signalement au parquet de Brest. Sur la foi de vidéos réalisées par un lanceur d’alerte, ils soupçonnent le navire qui réalise les forages en baie de Saint-Brieuc pour la construction des éoliennes d’effectuer des rejets toxiques en mer, ce que conteste l’entreprise.
« Aujourd’hui, le constat est simple : il y a 5 projets de parcs éoliens dans la Manche sans qu’une seule éolienne soit construite, des parcs prévus sur des zones de pêche stratégiques, aucune écoute de la revendication de la pêche professionnelle, des études hors sujet et non vulgarisées. La pêche professionnelle n’est même plus invitée lors des réunions la concernant » se désole le comité des pêches dans son communiqué.
La volonté des pêcheurs a toujours été d’obtenir un retour d’expérience sur la construction d’un seul parc. Cela permettrait d’avoir des réponses sur les effets sur la biodiversité.