La transition énergétique en France a donné naissance à une créature aussi insolite que rentable : le « Hibou Électrique ». Ce phénomène, né des arrêts brutaux des éoliennes et des panneaux solaires, hante désormais les courbes de RTE. Il apparaît systématiquement lorsque le soleil tape trop fort ou que le vent souffle avec excès, révélant les limites d’un système censé être vertueux.


RTE a popularisé l’expression « tête de hibou » pour désigner la forme caractéristique des courbes de production lorsque les installations éoliennes et solaires sont brutalement mises à l’arrêt. Ce phénomène survient lors des pics de production, lorsque l’offre d’électricité dépasse la demande nationale. Les prix sur le marché s’effondrent alors, parfois jusqu’à devenir négatifs. Pour préserver la stabilité du réseau, une partie des installations est déconnectée, traçant ainsi ces courbes évocatrices — et révélatrices des limites structurelles d’un système dépendant des énergies intermittentes.
Lorsqu’EDF ordonne l’arrêt de la production — ce qu’on appelle l’effacement —, les exploitants ne subissent aucune perte financière. Bien au contraire : la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a instauré un mécanisme de compensation particulièrement généreux. Dès que le seuil de 20 heures d’effacement annuel est dépassé (40 heures pour les parcs en mer), les gestionnaires perçoivent une indemnité calculée selon des règles avantageuses :
- Éoliennes terrestres : 35 % de la puissance du site × tarif d’achat × nombre d’heures effacées ;
- Installations solaires : 50 % de la puissance du site × tarif d’achat × nombre d’heures effacées ;
- Parcs éoliens en mer : 70 % de la puissance du site × tarif d’achat × nombre d’heures effacées.
Un système qui transforme les contraintes du réseau en opportunités lucratives.
Ce système revient à attribuer artificiellement aux exploitants les facteurs de charge suivants :
• 35 % pour les éoliennes terrestres (contre environ 23 % en moyenne réelle en France)
• 50 % pour les sites solaires (contre environ 20 % dans le sud de la France)
• 70 % pour les sites en mer (contre environ 40 % dans les appels d’offres en cours)
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